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Derrière la servante, Aneurin suivit la galerie à colonnes qui courait le long du bâtiment et rejoignit la chambre où il avait dormi jadis. Les murs rouges, le lit, le coffre, tout était identique à ses souvenirs. Mais, sans ceux qu’il aimait, sans Olwen, sans Caius, ces lieux n’avaient plus d’âme.
Cinq ans ! Comment avait-il pu ne pas envoyer la moindre lettre à ceux qui l’avaient recueilli ?
Pourtant il avait une excuse. Il avait fallu se fuir soi-même, donc fuir les siens. Faire un long détour par une vie de hasards dans un monde exotique où tout était à apprendre et à risquer.
Au retour, c’était le passé qui lui avait faussé compagnie. Ses souvenirs se brisaient contre le présent. Il se frotta le visage à deux mains. Cela ne changeait rien à ses projets. Au contraire. S’il avait trouvé un havre de bonheur, eût-il été facile de repartir aussitôt ? Il lui restait moins de deux cents milles avant d’atteindre la Bretagne ! Presque rien après la route déjà parcourue. Il inspira une grande bouffée d’air et se redressa. Son séjour à la villa n’était qu’une halte.
Il retrouverait Caius et, bientôt, Kaledvour serait entre les mains du Haut Roi. Alors, alors seulement, Aneurin serait délivré de son passé. Du reste de son passé.